Le géant du commerce en ligne Shein se retrouve au cœur d’une controverse majeure après la mise en vente, sur sa plateforme, de poupées sexuelles à l’apparence juvénile. Mardi 4 novembre, Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France, a déclaré publiquement : « Nous collaborerons à 100 % avec la justice. » Interrogé sur BFMTV-RMC quant à la possibilité de transmettre l’identité des acheteurs, il a précisé : « Sur le sujet de partage des contacts (…), nous serons en totale transparence avec la justice, s’ils nous demandent une telle chose, nous le ferons. »
Le parquet de Paris a, dès lundi soir, confié quatre enquêtes à l’Office des mineurs (Ofmin). Ces investigations concernent également les plateformes AliExpress, Temu et Wish et portent sur la « diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur ». Pour Shein et AliExpress, les procédures visent aussi la « diffusion de l’image ou la représentation d’un mineur présentant un caractère pornographique ».
Face à la polémique, Shein a annoncé avoir retiré l’ensemble des annonces et visuels relatifs à ces produits, ainsi que la suspension temporaire de la catégorie « produits pour adultes ». Quentin Ruffat a évoqué un « dysfonctionnement interne » pour expliquer la présence de ces articles, tout en affirmant la volonté de Shein de « travailler de manière concrète pour comprendre ces dysfonctionnements ». Il a assuré que l’entreprise allait « mettre en place les garde-fous pour que ça n’arrive plus ».
Enquêtes et réactions autour des poupées sexuelles à caractère pédopornographique
Shein doit être entendue dans les quinze prochains jours à l’Assemblée nationale, dans le cadre d’une mission d’information sur le contrôle des produits importés en France. La classe politique a vivement réagi à l’affaire. Roland Lescure, ministre de l’Économie, a averti sur BFM-TV et RMC : « Si ces comportements sont répétés, (…) qu’on interdise l’accès de la plateforme Shein au marché français. »
Sarah El Haïry, haut-commissaire à l’enfance, a également exprimé son indignation lundi sur BFM : « Il y en a marre parce que ce ne sont pas des objets comme les autres. » Elle a ajouté : « Ce sont des objets pédocriminels sur lesquels des prédateurs s’entraînent malheureusement, parfois avant de passer à des sévices sur des enfants. »
Par ailleurs, Shein prévoit d’ouvrir mercredi son premier magasin physique permanent au BHV, à Paris. Sur la façade du grand magasin, une affiche géante présente Donald Tang, dirigeant de Shein, et Frédéric Merlin, président de la société des grands magasins, propriétaire du BHV. Bien qu’il ait qualifié la vente de ces poupées d’« indécente » et « inacceptable », Frédéric Merlin a défendu lundi le partenariat avec la marque chinoise.
Commerce en ligne, responsabilité et contrôle des produits sensibles
La question de la responsabilité des plateformes de e-commerce face à la diffusion de produits illicites ou dangereux s’impose à nouveau dans le débat public. Les autorités judiciaires et administratives françaises multiplient les initiatives pour renforcer le contrôle des importations et la régulation des contenus proposés en ligne, en particulier lorsqu’il s’agit de la protection des mineurs.



