
La comète 3I/ATLAS, récemment identifiée en juillet, suscite une attention considérable au sein de la communauté scientifique. Ce corps céleste traverse actuellement le système solaire à une vitesse estimée à 210 000 km/h, selon les données de l’Agence spatiale européenne (ESA). Sa découverte, réalisée grâce au télescope Atlas installé au Chili, marque un événement rare dans l’observation astronomique contemporaine.
Les premières analyses indiquent que 3I/ATLAS s’est approchée du Soleil le 29 octobre, atteignant son périhélie à environ 1,35 unité astronomique de notre étoile. Avec un diamètre compris entre quelques centaines de mètres et quelques kilomètres, cette comète offre une opportunité unique d’étudier la formation de systèmes planétaires situés bien au-delà des frontières du nôtre. Il s’agit seulement du troisième objet interstellaire détecté à ce jour dans notre voisinage cosmique.
La singularité de 3I/ATLAS réside dans son origine. Contrairement à la majorité des comètes issues de la ceinture de Kuiper ou du nuage d’Oort, elle provient de l’espace interstellaire. Le « I » de son nom signifie explicitement « Interstellaire », tandis que le chiffre « 3 » rappelle qu’elle succède à Oumuamua (2017) et Borisov (2019) dans la liste des objets similaires observés. « On sait qu’on a un objet qui vient de très loin, qui a probablement parcouru des milliers ou des millions d’années-lumière autour de la galaxie avant de nous arriver. », souligne Nicolas Biver, astrophysicien à l’Observatoire de Paris.
Origine interstellaire et indices sur la formation des systèmes planétaires
Les observations menées durant l’été ont révélé la présence inattendue de vapeur de nickel autour de la comète, alors qu’elle se trouvait à près de 3,88 unités astronomiques du Soleil. Cette découverte a surpris les chercheurs, car à une telle distance, les températures sont normalement trop basses pour permettre la sublimation des métaux. Selon Nicolas Biver, la quantité de nickel détectée suggère une composition chimique distincte, révélant des processus physiques à très basse température.
Au fil de son rapprochement du Soleil, la comète a vu son activité évoluer. « Lors des premières observations, entre juillet et septembre, la comète ‘se réveillait’ tout juste. Les composés n’apparaissent pas toujours en même temps, les rapports ont dû beaucoup évoluer avec le temps. » explique Nicolas Biver. Les scientifiques attendent désormais les résultats des observations post-périhélie pour affiner leur compréhension de la composition du panache de 3I/ATLAS.
L’analyse détaillée de ces éléments pourrait fournir des informations précieuses sur l’environnement d’origine de la comète. Les chercheurs s’attendent à y trouver une combinaison moléculaire « légèrement différente de la moyenne du système solaire, avec les mêmes molécules, mais avec des proportions qui varient », indique Biver. Cela permettrait d’éclairer les conditions de formation de 3I/ATLAS, potentiellement antérieures à la naissance de notre propre système solaire.
Hypothèse extraterrestre et débats dans la communauté scientifique
La nature exceptionnelle de 3I/ATLAS a également alimenté des spéculations controversées. Avi Loeb, astrophysicien à Harvard, a avancé l’idée que cet objet pourrait être d’origine artificielle, voire un engin extraterrestre. Dans un article non validé par ses pairs, il s’interroge : « L’objet interstellaire 3I/ATLAS est-il une technologie extraterrestre ? » Cette hypothèse a été relayée dans divers médias, mais largement contestée par la communauté scientifique.
Tom Statler, responsable scientifique à la NASA, a déclaré dans The Guardian : « Les preuves indiquent de manière écrasante que cet objet est un corps naturel. C’est une comète ». Nicolas Biver critique également ces prises de position : « C’est pour faire du buzz, c’est toujours les mêmes », rappelant que Loeb avait déjà formulé des hypothèses similaires lors de la découverte d’Oumuamua.
Selon Biver, « Ces gens veulent profiter de ce genre d’opportunités pour se mettre en avant. Ce ne sont pas des gens qui ont déjà observé une centaine de comètes avant. » Sébastien Beaucourt, du Planétarium de Reims, partage cet avis, estimant que ces déclarations servent davantage à attirer l’attention qu’à faire progresser la recherche. Les experts considèrent que ces spéculations n’apportent aucune avancée scientifique et relèvent davantage de l’interprétation médiatique que de l’analyse rigoureuse.



