L’aide humanitaire à Gaza se réorganise face à de nombreux obstacles logistiques
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L’aide humanitaire à Gaza se réorganise face à de nombreux obstacles logistiques


Trois semaines après la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza, les organisations humanitaires et les Nations unies continuent de réclamer un accès élargi à la bande de Gaza. Malgré l’intégration du renforcement de l’aide humanitaire dans l’accord, les autorités israéliennes sont régulièrement accusées de ralentir l’acheminement des secours. De nouveaux intervenants pourraient également émerger, suscitant des préoccupations au sein du secteur.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU demeure actuellement l’acteur central dans la distribution de denrées à Gaza. Antoine Renard, directeur du PAM en Palestine, précise que 600 camions pénètrent chaque jour dans l’enclave, conformément aux dispositions de l’accord. Toutefois, il estime que ce volume reste insuffisant pour répondre à la demande.

« On a pu déjà toucher plus d’un million de personnes avec nos systèmes de distribution qui sont de nouveau effectifs. Nous devons en toucher 1,6 million. On a réussi à relancer, maintenant, tout ce qui est accès au pain. Mais, pour l’ensemble de ce qu’on est en train d’appuyer comme population, les chiffres qu’on atteint sont insuffisants par rapport aux besoins », alerte-t-il.

Contraintes administratives et accès humanitaire à Gaza

Depuis plusieurs semaines, les ONG dénoncent l’instauration de nouvelles exigences administratives imposées par Israël. Depuis le mois de mars, les organisations humanitaires doivent fournir des informations sensibles pour être autorisées à intervenir dans la bande de Gaza. Ces mesures sont perçues comme un obstacle majeur à l’action humanitaire sur le terrain.

Olivier Routeau, directeur des opérations de Première urgence internationale, qualifie ce processus de « couperet ». Il précise : « Il y a quelques jours, alors qu’on était en plein cessez-le-feu, au moins 17 organisations se sont vues refuser l’accès de leurs camions et du matériel qu’elles voulaient faire rentrer, au motif qu’elles n’étaient pas autorisées à opérer. Alors même qu’on est les acteurs sur le terrain depuis deux ans, » dénonce-t-il. « Donc on essaye de faire rentrer le plus possible, mais on est entravé totalement. »

Évolution du paysage humanitaire et enjeux de gouvernance

Parallèlement, les États-Unis semblent favoriser une présence accrue d’associations caritatives évangéliques à Gaza. Cette orientation pourrait transformer en profondeur la configuration de l’aide humanitaire et les principes qui la sous-tendent. Le risque d’un repositionnement des acteurs traditionnels au profit d’organisations alignées sur des intérêts spécifiques est évoqué.

Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, analyse : « On voit potentiellement, mais cela reste encore flou, se redessiner un paysage humanitaire où il pourrait y avoir, à terme une majorité d’organisations internationales d’obédience américaine, calée et alignée sur le récit de l’accord de Trump et moins sur ce qu’on appelle le plaidoyer, c’est-à-dire la possibilité de dénoncer, notamment, le non-respect du droit international ».

Durant le conflit, plusieurs dispositifs alternatifs ont été expérimentés afin de contourner les acteurs humanitaires historiques. Aucune de ces initiatives n’a, à ce jour, prouvé son efficacité sur le terrain.

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