Un ressortissant germano-russe a été condamné jeudi par le tribunal de Munich à une peine de six ans de prison pour avoir mené des activités d’espionnage au profit de la Russie et préparé des opérations de sabotage sur le sol allemand. Selon la justice, ces actions visaient spécifiquement les infrastructures liées au soutien apporté par l’Allemagne à l’Ukraine depuis le début du conflit.
Le principal accusé, Dieter Schmidt, a été reconnu coupable d’avoir collecté et transmis des informations sensibles à un individu affilié aux services de renseignement russes. Ces échanges, entamés à l’automne 2023, portaient sur des repérages de cibles potentielles pour des actes de sabotage. Schmidt, ancien membre présumé d’une milice séparatiste prorusse dans l’est de l’Ukraine, aurait envisagé des attaques à l’explosif et des incendies contre des installations militaires, industrielles et ferroviaires.
Ses deux complices, également germano-russes, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. Ils auraient assisté Schmidt dans ses activités d’espionnage à partir de mars 2024, notamment en l’aidant à identifier des sites stratégiques. Le parquet avait requis des peines plus lourdes, mais le tribunal a retenu des circonstances atténuantes pour ces deux coaccusés.
Sabotage et espionnage contre l’aide allemande à l’Ukraine
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’Allemagne s’est imposée comme le principal soutien européen de Kiev, devenant ainsi une cible privilégiée pour des opérations hostiles attribuées à la Russie. Berlin fait régulièrement état d’une intensification des actes de sabotage, de campagnes de désinformation et d’espionnage sur son territoire. Le juge a précisé que Dieter Schmidt s’était rendu à la base américaine de Grafenwöhr, où des soldats ukrainiens sont formés à l’utilisation de chars Abrams, afin de recueillir des informations sur l’équipement militaire américain.
Le parquet a souligné que les actions du groupe visaient à « miner le soutien militaire de l’Allemagne à l’Ukraine ». Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement, mais la cour a estimé que les preuves étaient suffisantes pour établir la culpabilité des trois hommes. La Russie, de son côté, nie systématiquement toute implication dans ces affaires.
Multiplication des affaires d’espionnage et riposte allemande
Face à la recrudescence des incidents, les autorités allemandes prévoient de renforcer les capacités de la police pour neutraliser les drones suspects, notamment par des moyens électroniques. Des unités spécialisées antidrones devraient être créées, en coopération avec l’Ukraine et Israël, deux pays ayant une expertise reconnue dans ce domaine. Depuis 2022, l’Allemagne a constaté une hausse significative des affaires d’espionnage sur son sol.
Parmi les cas récents, un ancien agent du renseignement allemand est jugé à Berlin pour avoir transmis des informations confidentielles au FSB à l’automne 2022. En mai, trois ressortissants ukrainiens ont été arrêtés en Allemagne et en Suisse, soupçonnés d’avoir été recrutés par la Russie pour commettre des sabotages à l’aide de colis piégés visant le secteur du transport de marchandises.
Réseaux d’agents et nouvelles menaces hybrides en Allemagne
Jeudi, la justice de Francfort a annoncé l’ouverture prochaine d’un procès contre trois hommes – un Ukrainien, un Arménien et un Russe – accusés d’espionnage au bénéfice de Moscou. Ils auraient surveillé un ancien militaire ukrainien pour le compte des services russes, dans le cadre d’un projet d’assassinat présumé. Les autorités allemandes alertent sur la stratégie de recrutement d’« agents jetables » par les services secrets russes via les réseaux sociaux. Depuis septembre, une campagne d’information vise à sensibiliser le public et les institutions à cette menace croissante.
