
À Madagascar, la récente formation d’un nouveau gouvernement marque le début d’une étape cruciale : l’élaboration de la loi de finances 2026. Pour la première fois, un large éventail d’acteurs, comprenant la société civile, le secteur privé, les syndicats et la jeunesse, s’est uni au sein d’une plateforme commune. Leur objectif est clair : peser collectivement sur la rédaction de ce texte fondamental pour l’orientation politique et économique du pays.
Cette mobilisation inédite vise à garantir que la future loi de finances traduise effectivement la volonté de refondation affichée par le nouveau régime. Les représentants de cette alliance ont présenté leur déclaration commune lors d’une conférence de presse organisée le 29 octobre à Antananarivo. Ils y ont exprimé leur volonté de rompre avec les pratiques antérieures, où le texte budgétaire était souvent élaboré et adopté dans la précipitation, malgré les alertes répétées des organisations citoyennes.
La loi de finances détermine non seulement le niveau de la fiscalité, mais aussi les secteurs qui bénéficieront de subventions et les axes d’investissement prioritaires. Selon Lucky Andrianirina, président de l’Alliance Aika, la société civile entend désormais jouer un rôle moteur dans le débat public : « Est-ce que le budget est encore hyper centralisé où est-ce qu’on commence à aller vers les communes ? Est-ce que cette loi de finances va vraiment considérer les priorités qui ont été définies par le régime, à savoir l’énergie, l’eau, la santé, l’éducation, la lutte contre la corruption ? On forme maintenant un bloc très élargi avec le secteur privé, avec d’autres acteurs, les syndicats notamment. Le nouveau régime a beaucoup parlé de refondation. On va être là pour s’assurer qu’il y ait ce changement-là et qu’il y ait des ruptures dans la manière de faire, notamment dans cette loi de finances ».
Réformes budgétaires et implication du secteur privé à Madagascar
Le secteur privé, représenté par Frédéric Schaffner, insiste sur la nécessité d’élargir la base des contribuables et de faciliter l’intégration du secteur informel dans l’économie formelle. Selon lui, « Un des points importants pour nous aujourd’hui, c’est d’augmenter le nombre de contribuables dans le pays et de faciliter, à travers la loi de finances, l’intégration dans le secteur formel de très nombreux acteurs aujourd’hui informels. Il y va aujourd’hui de l’indépendance économique et budgétaire du pays qui dépend encore beaucoup de l’aide extérieure. Autre point que nous allons pousser, c’est la mise en place d’un budget pour la digitalisation de l’État pour réduire la corruption, accélérer les démarches administratives, mais également pour augmenter l’assiette des contribuables en vue de l’indépendance budgétaire du pays qui dépend encore beaucoup de l’aide extérieure. Le Bénin est un bel exemple. Il est l’un des pays qui a de très bonnes performances économiques, qui est allé très loin dans ce domaine de la digitalisation et qui en a fait un de ses facteurs de succès ».
Parmi les recommandations avancées, le secteur privé propose également la création d’une vice-primature dédiée aux secteurs productifs, incluant l’industrie, le commerce, les transports et le tourisme. Cette structure permettrait de centraliser le dialogue avec l’État et de coordonner les politiques de développement. Pour que cette initiative soit effective, elle doit impérativement être inscrite dans le budget national.
Attentes de la population et enjeux de la loi de finances 2026
À l’approche de la présentation du projet de loi de finances 2026, la société malgache manifeste des attentes élevées. La population attend des réponses concrètes à ses aspirations de changement, dans un contexte de transition politique et de volonté de rupture avec les pratiques passées. Les débats à venir s’annoncent déterminants pour l’avenir économique et social du pays.



