
Depuis le début de la semaine, l’Angola fait face à une vague de violences meurtrières, déclenchée par la flambée soudaine des prix des carburants. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont déjà coûté la vie à 22 personnes, dont un policier, et fait près de 200 blessés, selon les autorités.
Les tensions ont éclaté après la décision du gouvernement d’augmenter brutalement le prix des carburants subventionnés, passant de 300 à 400 kwanzas par litre. Cette hausse a provoqué l’indignation dans un pays qui, malgré sa position de deuxième producteur africain de pétrole, connaît une pauvreté profonde.
À Luanda, la capitale, ainsi que dans d’autres grandes villes, des coups de feu ont été entendus à plusieurs reprises, tandis que de nombreux commerces d’alimentation ont été pillés. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Homem, a déclaré que 66 magasins avaient été endommagés lors de ces troubles.
Plus de 1 200 personnes ont été interpellées durant ces journées de chaos. Le ministre a également précisé que « plus de 1.200 personnes avaient été arrêtées ». Les scènes de violence ont été qualifiées de pires troubles que le pays ait connus depuis des années, d’après les autorités.
Initialement, des groupes de la société civile avaient appelé à manifester le samedi. Mais la situation s’est brusquement dégradée avec la grève de trois jours lancée par l’association nationale des taxis, qui a paralysé les transports publics et contribué à l’embrasement.
Dans la capitale, de nombreux commerces et agences bancaires sont restés fermés mercredi. Les rues de Luanda, habituellement animées, étaient presque désertes, à l’exception de files d’attente devant quelques stations-service et échoppes encore ouvertes. Les transports publics reprenaient lentement après deux jours d’arrêt.
Les troubles ne se sont pas limités à Luanda. À Huambo, à 600 kilomètres de la capitale, un journaliste local a fait état de scènes similaires de pillages. Des violences ont aussi été signalées à Benguela, sur la côte, où la police a été déployée en nombre pour tenter de rétablir l’ordre.
Sur fond d’inflation galopante et de chômage élevé — près de 20 % d’inflation en juin et près de 30 % de chômage selon les chiffres officiels —, la population angolaise subit depuis des mois une dégradation rapide de ses conditions de vie. Selon la Banque mondiale, la pauvreté devrait rester élevée, touchant plus d’un tiers des habitants d’ici 2026, malgré la nécessité évidente d’un renforcement du filet social.



