Au Maroc, l’amnistie fiscale offre la possibilité de régulariser 9,6 milliards d’euros
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Au Maroc, l’amnistie fiscale offre la possibilité de régulariser 9,6 milliards d’euros


Le fisc marocain a récemment mis en œuvre une amnistie fiscale qui a permis de déclarer plus de 100 milliards de dirhams, soit environ 9,6 milliards d’euros. Cette initiative, lancée par le gouvernement d’Aziz Akhannouch, a dépassé toutes les attentes, établissant un nouveau record. En effet, ce montant est vingt fois supérieur à celui de l’amnistie précédente de 2020.

Bien que cette opération ait généré un montant impressionnant, les retombées financières pour l’État ne devraient pas dépasser 5 milliards de dirhams. Les contribuables qui ont régularisé leur situation ont bénéficié d’un taux d’imposition réduit de 5 %, une offre alléchante qui a incité de nombreux fraudeurs à se manifester à la fin de l’année 2024. Pour faciliter le processus, le fisc a ouvert exceptionnellement ses guichets durant le dernier week-end de décembre.

L’amnistie fiscale, intégrée dans la loi de finances de 2024, a été largement promue par les banques marocaines. Ces institutions ont souligné les avantages de cette mesure, notamment en insistant sur « la discrétion » de l’opération. Le gouvernement a justifié cette initiative par la nécessité de lutter contre la fraude fiscale et de régulariser une partie significative de l’économie informelle.

Les déclarations effectuées ont révélé que 60 milliards de dirhams provenaient de dépôts bancaires, tandis que le reste était lié à des transactions immobilières. Selon des sources économiques, environ 10 000 déclarations spontanées ont contribué à 40 % du total régularisé, avec des montants moyens de 4 millions de dirhams par déclaration. Un cas exceptionnel a même enregistré une régularisation de 280 millions de dirhams.

Des experts financiers estiment que cette amnistie reflète une accumulation d’argent liquide depuis 2020, en partie à cause des aides financières versées durant la pandémie. De plus, la mise en place d’un nouveau système d’imposition a poussé de nombreux commerçants à déclarer leurs avoirs afin d’éviter des redressements fiscaux. L’inflation et l’augmentation des contrôles fiscaux ont également joué un rôle dans cette dynamique.

Les résultats de cette amnistie soulèvent des questions sur la structure économique du Maroc. En effet, une commission créée par le roi Mohammed VI avait déjà signalé en 2021 la lenteur de la transformation économique, freinée par des logiques de rente. Les réactions sur les réseaux sociaux évoquent un « capitalisme marocain » qui privilégierait l’accumulation de richesse plutôt que l’investissement.

Cette opération de régularisation met en lumière un problème de fraude fiscale largement reconnu par les citoyens. L’économiste Mehdi Lahlou souligne que la méfiance envers l’administration persiste, et que l’État ne garantit pas un retour sur investissement adéquat pour les impôts payés, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Aujourd’hui, 15 % des élèves sont scolarisés dans le privé, tandis qu’un tiers des lits d’hôpital sont gérés par des cliniques à but lucratif.

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