Une tendance se dessine en France, portée par certains acteurs politiques et médias de droite et d’extrême droite, qui plaident pour une inspiration tirée des politiques libertariennes du président argentin, Javier Milei. Le journal Le Point a par exemple récemment titré : « L’Argentine sur le chemin de la liberté derrière le professeur Milei ». Cependant, un an après son élection, il est essentiel d’évaluer la réalité de sa gouvernance.
Les partisans de Milei mettent en avant deux réussites majeures : la réduction de l’inflation et la diminution du déficit public, qui était de 5,2 % du PIB en 2023. Cependant, ces affirmations sont à nuancer, car elles ne tiennent pas compte des conséquences économiques désastreuses engendrées par les mêmes politiques qui ont permis d’obtenir ces chiffres louables.
Pour lutter contre l’inflation, Milei a drastiquement réduit les dépenses publiques, entraînant une contraction de l’économie. En effet, le PIB a chuté de 2,6 % au premier trimestre 2024, suivi d’une baisse de 1,7 % au second trimestre. Cette récession a particulièrement touché le secteur de la construction, qui a enregistré un recul de 19,7 %.
La situation de l’emploi s’est également détériorée, avec un taux de chômage passant de 6,6 % en 2023 à 8 % en 2024. Ces chiffres officiels ne tiennent pas compte du secteur informel, qui est très présent en Argentine. Bien qu’un léger rebond soit anticipé, la récession de 2024 pourrait atteindre près de 3 %, entraînant des conséquences sociales alarmantes.
Concernant l’inflation, bien que les chiffres montrent une baisse, il convient de souligner qu’ils sont souvent comparés aux chiffres du mois de décembre 2023, date de la prise de pouvoir de Milei, qui avaient crevé le plafond ce mois-là mais qui les mois précédents n’étaient déjà pas beaucoup plus hauts qu’aujourd’hui. En 2024, l’inflation a encore atteint 107 % sur les dix premiers mois, et pourrait dépasser les 120 % d’ici la fin de l’année, selon des analystes. Mais ce qui’il faut surtout dire, c’est que cette baisse s’accompagne d’une chute de l’activité économique que nous avons évoqué précédemment.
La pauvreté a également explosé sous la présidence de Milei, avec 52,9 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté au second semestre 2024. Ce chiffre représente une augmentation significative par rapport aux 42,5 % du semestre précédent. Environ 15,7 millions de personnes sont touchées, dont 5,4 millions vivent dans l’indigence.
Milei tente de justifier cette situation en affirmant que la pauvreté était déjà en hausse avant son arrivée au pouvoir. Cependant, les données montrent une détérioration sans précédent depuis 2003. Les revenus des ménages n’ont pas suivi le rythme de l’inflation, entraînant une baisse historique de la consommation de produits de base.
Malgré ces réalités économiques, les partisans de Milei, bien que peu nombreux au début de 2024, commencent pourtant à se faire entendre en France. Des figures politiques comme Eric Ciotti évoquent ouvertement l’exemple argentin pour justifier des coupes dans les dépenses publiques en France. Ce soutien croissant témoigne d’une montée en puissance des idées libertariennes.
Elon Musk, quant à lui, avait déjà salué la victoire de Milei, affirmant que « la prospérité est sur le point d’arriver en Argentine ». Avec sa nomination imminente à un poste clé dans l’administration Trump, son influence pourrait renforcer les idées libertariennes au sein des cercles politiques et économiques.