L’annonce de la convocation d’élections législatives anticipées pour le 27 octobre par Shigeru Ishiba vise à légitimer son nouveau gouvernement. Sa nomination par un Parlement japonais dominé par la coalition au pouvoir n’était qu’une formalité. Le vote sans surprise des deux chambres a confirmé, mardi 1er octobre, Ishiba comme nouveau premier ministre.
À 67 ans, Shigeru Ishiba a pris la tête du Parti libéral-démocrate (PLD) après une compétition serrée. Le PLD, un parti de droite conservatrice, gouverne presque sans interruption depuis 1955. Ishiba a rapidement formé son gouvernement, comprenant 19 membres, dont deux femmes, avec Katsunobu Kato aux finances, Gen Nakatani à la défense et Takeshi Iwaya aux affaires étrangères.
Malgré plusieurs tentatives infructueuses, Ishiba, un vétéran de la politique ayant occupé divers postes ministériels, a enfin réussi à diriger le PLD. Sa personnalité divise au sein du parti, contrairement à son prédécesseur Fumio Kishida, qui jouit d’une popularité relative parmi les électeurs. Les analystes soulignent cette différence.
Ishiba devra affronter de nombreux défis économiques et politiques, notamment la faible consommation des ménages et la stagnation des salaires, entravant la croissance nationale. Il soutient la normalisation monétaire initiée par la Banque du Japon, une position qui a récemment fait bondir le yen et inquiété les investisseurs en raison de potentielles hausses des impôts sur les sociétés.
La chute du taux de natalité, dans un pays où la population est la plus âgée au monde après Monaco, est un autre problème crucial. Ishiba prévoit de s’attaquer à ce sujet en réduisant les heures de travail et en renforçant les aides aux parents. La série de scandales politico-financiers qui a affecté son parti et érodé la popularité de Kishida ajoute à ses défis.
Sur la scène internationale, Ishiba devra gérer les tensions croissantes. Son prédécesseur avait promis de doubler les dépenses de défense et de renforcer les alliances avec les États-Unis et d’autres pays face à la montée en puissance de la Chine, et aux comportements de la Russie et de la Corée du Nord. Un navire de guerre japonais a franchi le détroit de Taïwan pour la première fois la semaine dernière.
La situation tendue est illustrée par un récent passage d’un porte-avions chinois entre deux îles japonaises près de Taïwan. Les avions de chasse japonais ont décollé à plusieurs reprises pour répondre aux activités aériennes russes et chinoises. Ishiba soutient la création d’une alliance militaire régionale similaire à l’Otan. “En remplaçant la Russie par la Chine et l’Ukraine par Taïwan, l’absence d’un système d’autodéfense collective comme celui de l’Otan en Asie signifie que des guerres sont susceptibles d’éclater parce qu’il n’y a pas d’obligation de défense mutuelle”, a-t-il déclaré.