Entre deux et trois millions de fois, les horaires des trains en Allemagne ont été modifiés cette année, entraînant un taux de ponctualité de seulement 47 % en juin. La situation semble se détériorer, avec des travaux majeurs prévus pour moderniser les infrastructures de la Deutsche Bahn (DB), qui s’étendent sur 39 200 kilomètres. Les usagers allemands doivent se préparer à des désagréments considérables.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung a récemment décrit le service ferroviaire comme une véritable « loterie », soulignant des décennies de négligence en matière d’investissements. Ces retards et défaillances sont attribués à une série de crises, de la crise de l’euro à la pandémie, ainsi qu’à une politique d’austérité qui perdure depuis l’ère Merkel. La DB admet avoir « perdu le contrôle » sur la situation.
Les problèmes de la Deutsche Bahn sont bien connus des citoyens allemands. Lors du dernier Euro, des médias étrangers, tels que The Guardian, ont été surpris par l’inefficacité du système ferroviaire allemand, autrefois réputé pour sa fiabilité. Les passagers font face à des trains obsolètes et à des services souvent saturés, tandis que le concept de train à grande vitesse, bien que capable d’atteindre 300 km/h, affiche une vitesse moyenne de seulement 127 km/h. Cette situation provoque le rire des voyageurs en France et en Suisse.
La réaction des Allemands face à ces désagréments est souvent teintée de sarcasme, un phénomène que l’on appelle le « galgenhumor ». Les employés de la DB partagent ce sentiment, notamment lorsqu’ils annoncent les raisons de nouveaux retards, souvent avec une ironie palpable. Les passagers habitués à ces aléas trouvent un certain humour dans ces annonces, qui peuvent surprendre les voyageurs étrangers.
Des investissements urgents sont nécessaires pour remédier à cette situation. Pour 2024, un budget de 16 milliards d’euros sera alloué à des réparations critiques. Les travaux ont débuté immédiatement après la fin de l’Eurocopa, avec la fermeture d’un tronçon de 70 kilomètres entre Francfort et Mannheim, affectant quotidiennement 300 trains et 16 000 passagers. Ce n’est que le premier d’une série de 16 tronçons qui subiront des modifications dans les mois à venir.
Les experts estiment que la DB aurait besoin d’environ 100 milliards d’euros pour moderniser son réseau. Cependant, le gouvernement d’Olaf Scholz, avec Christian Lindner au ministère des Finances, maintient une politique de frein à la dette. Les partenaires verts, dirigés par Robert Habeck, plaident pour un renforcement des investissements ferroviaires. Convaincre les Allemands de délaisser leur voiture au profit du train s’avère être un défi majeur.



