Le collectif « La Clef Revival » a réussi à sauver le dernier cinéma associatif de Paris, en proie depuis des années à la menace de fermeture. Avec l’appui de figures emblématiques du cinéma telles que Martin Scorsese, ils ont acquis les murs de ce lieu alternatif pour 2,7 millions d’euros.
Né dans l’effervescence post-soixante-huitarde, La Clef représente un bastion culturel indépendant au sein du Quartier Latin transformé par la spéculation immobilière. Ce rachat symbolique intervient alors que Paris vient de perdre une autre salle mythique : l’UGC Normandie sur les Champs-Elysées.
La Clef, connue pour sa programmation éclectique et engagée, mettant en lumière des réalisateurs africains, asiatiques ou sud-américains souvent ignorés par les grands circuits, entend poursuivre son combat pour un cinéma différent. Le collectif promet d’inclure davantage le public dans ses activités grâce à un accord avec le CNC qui légalise leur pratique unique de séances à prix libre.
Pour pérenniser cette initiative et garantir son autonomie financière, un modèle économique coopératif a été mis en place. Il s’appuie sur une société foncière spécialisée et deux collèges d’administrateurs afin d’échapper définitivement aux griffes du marché immobilier.
Les soutiens n’ont pas manqué durant ces six ans de lutte contre la vente envisagée par le CSE de la Caisse d’Epargne Île-de-France. Des personnalités comme Olivier Assayas et Agnès Jaoui se sont ralliées à la cause. Malgré les occupations illégales, les confrontations politiques et judiciaires ainsi qu’une expulsion policière, la détermination des militants a finalement porté ses fruits.
Martin Scorsese lui-même est intervenu publiquement pour appuyer le projet : « L’histoire de La Clef doit être préservée… La Clef doit rester une salle de cinéma », avait-il plaidé dans Libération. Grâce également à une campagne participative fructueuse et une vente caritative impliquant David Lynch entre autres artistes renommés, plus de deux millions d’euros ont été récoltés en dons.
Toutefois, après une brève réouverture prévue fin juin, il reste encore 600.000 euros à trouver pour des travaux nécessaires qui devraient s’étaler sur un an. Les responsables remercient chaleureusement leurs donateurs dont certains noms célèbres tels que Quentin Tarantino ou Cédric Klapisch figurent parmi les bienfaiteurs.
