La propagation du virus de la grippe aviaire suscite une vive inquiétude au sein de la communauté scientifique internationale. Le Dr Jeremy Farrar, directeur scientifique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a exprimé ses préoccupations lors d’une conférence des Nations unies sur les maladies transmissibles à Genève le 18 avril dernier. Il a souligné que le H5N1 est désormais considéré comme une zoonose pandémique globale.
Alors que l’agence onusienne se voulait rassurante il y a neuf jours, évaluant le risque pour la population générale comme “faible” et celui pour les personnes exposées professionnellement comme “faible à modéré”, cette récente déclaration marque un changement notable dans l’évaluation du danger posé par ce virus qui n’a pas encore muté pour faciliter sa transmission entre humains.
Les experts sont confrontés à un dilemme : comment peser les éléments rassurants face aux signes alarmants liés à la souche H5N1 identifiée en Chine en 1996 ? Depuis 2020, une augmentation significative des foyers infectieux chez les oiseaux sauvages et domestiques est observée, ainsi qu’un élargissement des espèces mammaliennes touchées par le virus.
Une évolution préoccupante concerne les bovins aux États-Unis où des cas d’infection ont été signalés dans des élevages de vaches laitières depuis environ un mois. Ces contaminations sont particulièrement troublantes car jusqu’alors ces animaux étaient jugés peu sensibles au virus selon Gilles Salvat, directeur de recherche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
Le virus grippal aviaire mute rapidement et la crainte majeure est qu’il développe la capacité d’infecter les humains puis celle de se transmettre d’une personne à une autre. Bruno Lina, membre du Covars, précise que cela nécessiterait deux mutations spécifiques dans son gène hémagglutinine – un scénario encore non réalisé mais potentiellement catastrophique si jamais il venait à se produire.